Jusqu’où veut-on aller dans la destruction des milieux aquatiques pour produire de l’énergie soit disant vertueuse ?

Nos milieux aquatiques, déjà largement agressés, se voient en proie à de nouvelles exploitations parmi lesquelles la micro-hydroélectricité. Non contents d’avoir irrémédiablement impacté les grandes rivières, on veut maintenant détruire ce qu’il reste des petits cours d’eau pour une production quasiment négligeable. En effet, 90% de la production hydroélectrique provient des concessions détenues par l’état (environ 400) ; la petite hydro* se partageant les <10% restants alors qu’elle représente 87% des ouvrages.

Plus qu’environnementales, les motivations sont avant tout économiques (pour autant qu’il y ait toujours de l’eau et des subventions dans le futur) et politiques (à l’échelle locale comme nationale). Les appels d’offres successifs du Ministère de la Transition Ecologique et les projets de loi récents vont dans ce sens et favorisent quelques intérêts privés plutôt que la protection des espaces naturels dans et autour des cours d’eau. Dans le même temps, des millions d’euros d’argent public sont investis chaque année dans tous les départements de France pour la restauration des milieux aquatiques afin d’essayer d’effacer les erreurs du passé, parfois pas si lointaines d’ailleurs (cf. communiqué de presse de la FNPF).

Les besoins croissants en eau potable conjugués aux effets du réchauffement climatique vont avoir un impact notable sur la ressource en eau dans les années à venir. Est-il donc raisonnable de penser que l’exploitation de l’eau en rivière est encore possible de la façon dont elle est faite aujourd’hui et dont on l’imagine encore? Non. Les besoins en électricité vont, quant à eux, inévitablement augmenter avec le développement du tout électrique et il faudra palier à cette augmentation par d’autres moyens que l’hydroélectricité. Le développement de la micro-hydroélectricité ne permettra pas de s’affranchir de notre dépendance actuelle au nucléaire. Les conséquences des installations hydroélectriques seront par contre irrémédiables.

La FDPPMA 74 se défend de toute idéologie, et s’est toujours gardée d’émettre des avis de principe contre quelque usage que ce soit, y compris l’hydroélectricité. En revanche, en s’appuyant sur des  données scientifiques acquises sur presque tout le département depuis 20 ans, elle s’opposera à tous les projets menaçant des milieux présentant de forts enjeux, notamment en termes de peuplement piscicole.

Parmi les projets hydroélectriques les plus avancés, une microcentrale est en prévision sur le torrent de Gers. La FDPPMA 74 tient à ce que le débit réservé soit cohérent avec la réalité et les besoins de la faune aquatique, ce qui n’est pas forcément le cas actuellement. La qualité piscicole du torrent de Gers n’est pas encore assez connue et les éléments apportés par l’étude d’impact ne nous semblent pas satisfaisant et tendent à sous-estimer l’enjeu.

Un projet est également en cours sur la Morge de St-Gingolph. Depuis que la FDPPMA 74 a connaissance de ce projet elle a rencontré un élu de St-Gingolph, provoqué des réunions à la DDT, émis des avis mais cela n’a pas empêché le projet d’avancer. L’enquête publique est actuellement en cours (https://www.haute-savoie.gouv.fr/Publications/Actions-participatives/Enquetes-publiques-et-avis/2021). La FDPPMA 74 ne manquera pas de faire un avis pour tenter de démontrer la mauvaise foi du pétitionnaire dans ses calculs afin de minimiser le débit réservé et les impacts énormes du projet : perte d’habitat, modification du régime thermique, débit réservé au moins pendant 90% de l’année, tronçon court-circuité (TCC) de plus de 2km sur le seul secteur abritant une population de truite fonctionnelle, … Ce projet est tout simplement inacceptable! La FDPPMA 74 est prête à mobiliser son personnel technique et juridique pour aller jusqu’au bout pour défendre ce dossier.

*Puissance maximale brute <4.5MW, cette catégorie comprend des ouvrages déjà importants comme les usines de Brassilly et Cléchet sur le Fier, Chevenoz et Bonnevaux sur la Dranse d’Abondance, Abbaye et Arthaz sur l’Arve, …