L’érosion des effectifs de pêcheurs est-elle une fatalité ?

Si l’on regarde l’évolution du nombre total de cartes de pêche (annuelles + touristiques) prises en Haute-Savoie depuis 1963 (plus anciennes données disponibles), il apparait que ça a été le cas jusqu’au milieu des années 2000, les effectifs ayant chuté de 48% entre 1972 (maximum connu, 40 530 cartes) et 2006 (minimum connu, 20 956 cartes).

A la fin des années 90, ce constat alarmant a conduit à une prise de conscience de la Fédération de Pêche qui, convaincue que la qualité des milieux et des peuplements piscicoles conditionnait celle de la pêche sur un territoire, et donc son attractivité pour les pêcheurs, a alors décidé d’orienter sa politique départementale autours de 3 grands axes : CONNAITRE, FAIRE CONNAITRE ET SURTOUT PROTEGER.

Depuis, la préservation des milieux aquatiques et la mise en place d’une gestion piscicole par les AAPPMA basée sur la connaissance de leur état de santé sont et demeurent une priorité en Haute-Savoie.

Nous constatons aujourd’hui que cet engagement, parfois mené à contre-courant des politiques nationales, a finalement porté ses fruits et a permis d’inverser la tendance : nous constatons en 2020 une augmentation de 43% des cartes par rapport au minimum de 2006 (total des cartes), avec des disparités d’évolution des cartes touristiques et annuelles, reflétant l’évolution des pratiques : respectivement +29% et +46% par rapport au minimum constaté pour les cartes annuelles (2006) et touristiques (1996).

C’est une grande fierté pour nous de compter autant de pratiquants aujourd’hui qu’il y a 40 ans, mais nous nous gardons bien de tout triomphalisme : nous avons bien conscience que c’est en premier lieu la qualité initiale de nos cours d’eau et lacs qui a permis cette évolution favorable, notre rôle et notre influence se limitant à mettre tous nos moyens disponibles pour les connaître, les protéger et les faire connaitre au mieux. Nous avons également conscience des potentialités insuffisamment développées dans notre département (pêche des carnassiers, de la carpe…), et avons fait et ferons des propositions dans ce sens aux AAPPMA, notamment dans le cadre des discussions à venir concernant le renouvellement du PDPG (Plan Départemental pour la Protection du milieu aquatique et la Gestion des ressources piscicoles).

Dans le contexte actuel de pression croissante exercée sur les cours d’eau et les lacs par les usages de l’eau, l’urbanisation et les pollutions, sur fond d’évolution du climat, nous sommes plus que jamais face à un lourd défi, celui de protéger ces milieux qui pour certains sont encore de véritables joyaux, tant en termes de pêche qu’en termes de biodiversité. Face à ce défi, et contrairement aux idées reçues, l’évolution du nombre d’adhérents est pour nous une conséquence de notre politique, pas son objectif ultime, qui reste la défense de la pêche et des milieux.